Une filature au pied de la chute… ou deux !
La filature de la Dominion Textile a longtemps fait partie du paysage, au pied de la chute Montmorency. La construction de la première filature de coton à cet endroit remonte à 1889. Connue au départ sous le nom de Montmorency Cotton Manufacturing Company, puis de Montmorency Cotton Mills Co., la compagnie est devenue, en 1905 partie constituante de la Dominion Textile Company. Le complexe industriel de la filature a été démoli en 1992. L’emplacement fait maintenant partie du Parc de la chute Montmorency, administré par la Sépaq (Société des établissements de plein air du Québec).
La Montmorency Cotton Mills
En raison de l’énergie hydraulique disponible en abondance à cet endroit et de la présence d’une centrale hydroélectrique appartenant à la Quebec and Levis Electric Light Company, l’industriel Charles Ross Whitehead loue, en 1889, un espace au pied de la chute Montmorency afin d’y faire construire une filature de coton. Pour exploiter cette usine, il fonde, en 1889, une entreprise qu’il nomme Montmorency Cotton Manufacturing Company, dont il prend la direction.
La Riverside Manufacturing Company
À la même époque, une autre entreprise textile, la Riverside Manufacturing Company (créée en 1893) s’installe sur un emplacement à proximité, sous-loué de Charles Ross Whitehead. C’est ce que révèle le Dictionnaire biographique du Canada, à la page consacrée au financier Timothy Hibbard Dunn. Robert et William Brodie ainsi que d’autres hommes d’affaires de Québec et Montréal en sont actionnaires (voir page consacrée à Robert Brodie dans le Dictionnaire biographique du Canada.
En 1898, les deux compagnies fusionnent, pour former la Montmorency Cotton Mills, dans laquelle Whitehead reste impliqué. En 1905, il se départit de ses intérêts dans l’entreprise, puis lance la Wabasso Cotton Limited à Trois-Rivières, qu’il dirige de 1907 à 1954. Parallèlement, il crée les filiales Shawinigan Cotton Company et la Shawinigan Knitting en 1909. Au cours des années suivantes, il lance également quelques autres entreprises textiles.
La Dominion Textile
En 1905, au moment où Charles Ross Whitehead transfère ses billes ailleurs, la Dominion Textile naît du fusionnement de la Montmorency Cotton Mills avec d’autres filatures : la Dominion Cotton Mills Co. Ltd, la Merchants Cotton Co. Ltd, et la Colonial Printing and Bleaching Co. Ltd. La nouvelle entreprise possède également des intérêts dans la Montreal Cotton Co. de Valleyfield (voir Répertoire du patrimoine culturel du Québec). Cette fusion a été rendue nécessaire à cause de la pression sur les profits résultant de la concurrence japonaise.
En 1927 un nouveau bâtiment s’ajoute du côté sud-est du complexe industriel de la Dominion Textile, à Montmorency. Le musée McCord expose une photographie témoignant de cette construction.
Livre de M. Georges Bhérer
Détail intéressant : dans son ouvrage paru en 1940, à l’occasion du cinquantenaire de la paroisse Saint-Grégoire de Montmorency, M. Georges Bhérer rappelle que l’usine de l’endroit (on parle ici de la première filature, celle de la Montmorency Cotton Manufacturing Company) date de 1889. Elle devait desservir le marché d’Extrême-Orient « en toiles et en draps de toutes sortes ». Cette production est transportée par train jusqu’à Vancouver, puis est chargée sur des navires à destination de la Chine.
Ci-dessus, la page du livre de M. Georges Bhérer où il mentionne la date de construction (1889) de la filature de la Montmorency Cotton Manufacturing Company destinée à alimenter les marchés d’Extrême-Orient.
Thèse de Mme Louise Fradet
Ailleurs, dans sa thèse L’émergence d’une nouvelle réalité du travail féminin au sein de la culture féminine : l’exemple d’un groupe de travailleuses de la Dominion Textile de Montmorency au Québec de 1920 à 1960, présentée à l’Université Laval en 2003, Louise Fradet précise (p. 55 de la thèse) : « À ses débuts [à compter de 1890], l’activité industrielle de l’usine repose sur une transformation du coton brut. La filature produit de l’étoffe grise, coton non blanchi, vendue à la Chine ». Sa source d’information est le rapport annuel de l’usine, de 1901. La thèse de Mme Fradet est disponible à cette adresse
Une étiquette intéressante
Petite étiquette (2,3 x 3,4 cm.) probablement destinée à être collée sur des paquets de 10 articles de bonneterie. On ne sait cependant si le mot Montmorency fait référence à des articles produits à la filature de cet endroit ou s’il s’agissait plutôt d’une marque de commerce pour des produits de l’ensemble des usines de la compagnie.
Des cartes postales
Cartes postales anciennes
Une carte postale représentant les bâtiments de la Dominion Textile. La légende indique cependant, par erreur, qu’il s’agit de ceux de la Montmorency Cotton Mill, intégrée à la Dominion Textile en 1905.
La filature de la Dominion Textile, photo prise de la falaise, sur une carte postale de 1929. On aperçoit l’arrière de la centrale électrique, en bas à droite. On constate également qu’un nouveau bâtiment a été ajouté (construit en 1927) du côté sud-est.
Photo aérienne de la Dominion Textile, avec la chute Montmorency en arrière plan, sur une carte postale datant des années 1930.
Cartes postales modernes
Carte postale de la belle collection des Archives du Photographe, publiée en 2010, et illustrée d’une photo aérienne de Charles-Henri Leclerc, prise le 2 août 1976. On y voit les bâtiments de la Dominion Textile, ainsi que la chute Montmorency, en arrière-plan.
L’endos de la carte montre, en filigrane, une autre photographie de la filature, cette fois-ci en noir et blanc, et prise du pont de l’île d’Orléans.
Une autre carte postale de la collection des Archives du Photographe, illustrée elle aussi d’une photo de la Dominion Textile, prise du haut de la falaise. En arrière-plan, on peut également voir le pont et l’île d’Orléans.
Carte postale des années 1980 montrant la Dominion Textile, derrière le navire de (courtes) croisières Louis Jolliet et devant la chute Montmorency.
Endos de la carte postale.
Une photographie
Des garçons avec une voiturette tirée par un chien. Il sont devant l’usine de la Dominion Textile et la gare du tramway. Des enfants avaient autrefois l’habitude d’apporter les repas à leurs proches qui travaillaient à la filature en utilisant de telles voiturettes. La photo date probablement des années 1930 ou 1940.
Un recueil de textes : la grève de 1919
Un recueil regroupant des textes publiés dans le quotidien de Québec L’Action Sociale Catholique à propos des grèves « de l’Internationale » opposant les travailleurs des chantiers Davie de Lauzon et ceux de la Dominion Textile, de Saint-Grégoire de Montmorency, à leur employeur respectif. Le recueil fait l’historique des conflits, en vantant les mérites des syndicats catholiques, par opposition aux syndicats non-confessionnels de l’Internationale.
La couverture du recueil.
Les deux pages faisant l’historique de la grève à la Dominion Textile de Saint-Grégoire de Montmorency.
Un certificat d’obligation
Spécimen de certificat d’obligation de seconde hypothèque de 500$ émis par la Montmorency Cotton Mills Company le 2 janvier 1921. Cependant, cette compagnie avait été intégrée à la Dominion Textile depuis 1905. Par conséquent, on peut croire que seule la subdivision de Montmorency était responsable de cette souscription.
Des épinglettes
Épinglettes remises par la Dominion Textile à ses employés afin de souligner leurs années de service.
Des publications
Le journal Le Moulin au pied des chutes
Le journal mensuel Le Moulin au pied des chutes, qui était publié par la succursale de Montmorency de la compagnie Dominion Textile. Il s’agit ici du numéro 11, volume XII, c’est-à-dire celui de novembre 1953.
Le numéro comptait 4 pages, toutes reproduites ci-haut.
Le journal Le Moulin au pied des chutes, de la succursale de Montmorency de la compagnie Dominion Textile. Cette fois-ci il s’agit ici du numéro 12, volume XII, c’est-à-dire celui de décembre 1953.
Les 12 pages du journal ont été reproduites. Il s’y trouve même un conte de Noël !
Magazine Dominion
Le numéro du printemps 1995 du Magazine Dominion, soulignant le 90e anniversaire de la Dominion Textile Company Limited. On y apprend, entre autres, que la compagnie est née, en 1905, de la fusion de quatre sociétés de textile du coton, comptant au total onze usines.
La première page de l’article (de 10 pages) faisant le survol de l’histoire de la Dominion Textile Co.
Le parcours remarquable d’une famille de travailleurs du textile, 1919-1995. Article consacré à la famille de M. Gilbert Théberge, dont plusieurs membres ont travaillé pour la Dominion Textile, notamment à Montmorency.
Fin de l’article sur la famille Théberge et arbre généalogique.
Endos du Magazine Dominion du printemps 1995, reprenant une publicité de la Dominion Textile datant des années 1920.